L’inflation est le reflet des pénuries accumulées depuis la crise du Covid 19 : pénurie de biens traditionnellement importés d’Asie, pénurie logistique, pénurie de matières premières, pénurie et désormais surtout coût de l’énergie.
Les banques centrales du monde entier ont augmenté les taux d’intérêt cette année et ce mouvement devrait se poursuivre l’an prochain. Pourtant, ces dispositions et d’autres décisions politiques pourraient ne pas suffire à ramener l’inflation mondiale aux niveaux antérieurs à la pandémie de COVID 19.
Si les perturbations de l’offre et les pressions sur les marchés du travail ne s’atténuent pas, ces hausses de taux d’intérêt pourraient porter l’inflation mondiale à environ 5 % en 2023, c’est-à-dire près du double de la moyenne sur les cinq ans précédant la pandémie
Pour ramener l’inflation mondiale à un taux conforme à leurs objectifs, les banques centrales pourraient devoir relever les taux d’intérêt de deux points de pourcentage supplémentaires. Mais si cela devait s’accompagner de tensions sur les marchés financiers, la croissance du PIB mondial ralentirait à 0,5 % en 2023, soit une contraction de 0,4 % par habitant qui correspondrait à la définition technique d’une récession mondiale.
« La croissance mondiale ralentit fortement et il est probable que le rythme s’accentue à mesure que de nouveaux pays entrent en récession. Je crains fort que cette tendance se poursuive, avec des conséquences prolongées et dévastatrices pour les populations des économies émergentes et en développement », alerte leprésident du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. « Pour parvenir à de faibles taux d’inflation, à la stabilité monétaire et à une croissance plus rapide, les responsables publics devraient réorienter leurs priorités, afin de s’attacher non pas à réduire la consommation, mais à augmenter la production. Ils devraient aussi chercher à générer désinvestissements supplémentaires et à améliorer la productivité et la répartition du capital, des conditions essentielles pour la croissance et la réduction de la pauvreté. »
L’économie mondiale connaît actuellement sa plus forte décélération depuis 1970. La confiance des consommateurs dans le monde a déjà enregistré une baisse bien supérieure à celles observées dans les périodes précédant les récessions mondiales passées. Les trois plus grandes économies du monde — États-Unis, Chine et zone euro — enregistrent un ralentissement marqué. Dans cette situation de fragilité, un coup modéré porté à l’économie mondiale au cours de l’année 2023 pourrait nous faire basculer dans la récession.
La menace de l’inflation et une marge de manœuvre budgétaire limitée incitent les responsables politiques de nombreux pays à mettre un terme aux mesures de soutien, alors même que l’économie mondiale ralentit fortement.
Les économies en développement ont connu leur deuxième plus faible taux de croissance des cinq dernières décennies (après celui de 2020). « Le récent resserrement des politiques monétaires et budgétaires se révélera probablement utile pour réduire l’inflation », indique AyhanKose, vice-président par intérim de la Banque mondiale pour la division Croissance équitable, finance et institutions. « Mais la simultanéité de ces décisions entre les pays pourrait avoir pour conséquence d’aggraver les effets du durcissement des conditions financières et d’accentuer le ralentissement de la croissance mondiale ».
(Principale source : La Banque Mondiale)